Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avaient pas encore cessé de croire. La bourgeoisie voltairienne et libre-penseuse a cru devoir modifier tout cela. C’est affaire à elle.

Un seul homme en ces temps semble avoir compris que la décadence des idées religieuses pouvait entraîner la décadence du vieux monde. Celui-là est un poète, Barillot, un poète de génie presque inconnu de notre génération bien qu’il ait publié ses premières rimes à une époque où la critique littéraire n’était pas encore submergée par le cabotinage du journalisme. Dans son poème, les Vierges, publié en 1857, Barillot constate que l’Église, enfin lasse aussi, abandonne ses peuples et leur livre la terre :

Ils ne sont pas nombreux maintenant les fidèles !
Les anges ont perdu la blancheur de leurs ailes,
Les saintes leur front pur, et le Christ a vieilli.
Son corps de deux mille ans sur la croix se délabre,
La flamme de la foi dans l’or du candélabre
A disparu livide après avoir pâli.

On nous laissa régner, mais c’est par habitude.
Nos beaux jours ont fait place à la décrépitude,
La lumière pénètre aux cerveaux plébéiens !
La grandeur agonise ; elle a de vilains râles…
Les palais ont vieilli comme les cathédrales,
Et les rois sont vêtus comme les citoyens.

En attendant suivez Misère-la-Boiteuse,
Béquillards et truands, filous, lèpre hideuse,
Vermine qui grouillez sous de sales haillons,
Chenilles qui rampez parmi les feuilles sèches,
À l’arbre du progrès il est des feuilles fraîches.
Montez, grimpez, rongez, devenez papillons !