Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
LES COULISSES DE L’ANARCHIE

bien que ce sang versé sera le dernier. Après, ce sera l’âge d’or.

On en peut trouver la preuve dans les lectures et les chansons favorites de l’« anarcho. »

Vers la fin du deuxième volume de ses Convulsions de Paris, M. Maxime du Camp raconte avoir rencontré, le dimanche 21 mai, à l’heure même où les troupes de Versailles entraient à Auteuil, un fédéré chantant une rengaine révolutionnaire en plein air, au coin de la rue de Rome et de la rue de Vienne, devant un public de gardes nationaux et de badauds. Ce qu’il chantait, c’était la Prolétarienne de Savinien Lapointe, une production antérieure au second empire :

L’été, l’hiver, dans les chammps, sur les ondes.
Grillés, gelés, laboureurs, débardeurs,
Le corps meurtri comme bêtes immondes.
Nous succombons sous le joug des vendeurs !
Dieu voulut-il, dans les murs d’une usine.
Que couperose, ou gaz, ou noir, ou suif.
Poussent au cœur leur fumée assassine.
Sous l’œil cruel du patron agressif !

Eh bien, dans toute la poétique anarchiste il n’est rien d’aussi bêtement hargneux. Ce que j’ai trouvé de plus amer est un sonnet publié sans nom d’auteur et que voici :

Nu dans le clair obscur d’une mansarde, nue,
Sa tête surplombante et jaune de hâleurs[illisible],
Un torse humain s’affaisse. À travers les pâleurs
De la peau, faiblement, l’ossature remue.