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LES COULISSES DE L’ANARCHIE

renom subitement éprise du dynamiteur, et des noms ont été cités. Nous avons eu ce portrait sous les yeux. C’est bien celui d’une femme de théâtre, mais cette actrice était morte environ vingt-quatre ans avant l’explosion de la rue de Clichy. Un mystificateur imbécile s’était avisé d’adresser à Ravachol une vieille photographie de Blanche d’Antigny sans doute achetée sur les quais.

Ensuite ce furent les fleurs et les lettres chargées. Qui donc songea, dans la matinée du 1er mai, à cueillir pour le prisonnier une superbe botte de lilas ? On a supposé à la Conciergerie que ces fleurs avaient été volées et l’on n’a peut-être pas eu tort. En effet, les branches n’en avaient pas été coupées au sécateur, ainsi que n’aurait point manqué de le faire le premier jardinier venu ; elles avaient été arrachées et traînaient encore de longs copeaux d’écorce humide. L’enfant qui apporta ce bouquet dit au guichetier : « C’est de la part de son frère. » Déclaration mensongère. Lorsque Kœnigstein vint à Paris, amené par un journaliste, il avoua n’avoir rien envoyé au prisonnier.

Ces envois empruntaient-ils un sens mystérieux à certaines circonstances connues seulement de Ravachol et de ses bienfaiteurs anonymes ? On le crut et cela est d’ailleurs assez probable. Un objet insignifiant en apparence peut offrir à la mémoire, à l’esprit d’un détenu intelligent, une signification tangible pour lui seul, sans que cet objet éveille le moindre soupçon dans l’entourage du prisonnier. Avec un être