fusillés dans les prairies d’Auray, au nom du droit divin, pour les entendre un beau soir comparer à Simon dit Biscuit !
Il y avait là pour la duchesse de quoi lui couper le souffle. Son sang ne fit qu’un tour. Mais elle reprit aussitôt assez d’empire sur elle-même pour se lever et indiquer ainsi à son visiteur que l’entrevue prenait fin. Comme Dupont se levait à son tour et la saluait, elle lui remit une enveloppe close en disant :
— Veuillez accepter ceci pour vos compagnons malheureux et pour les familles des compagnons prisonniers.
Dans l’avenue, Dupont fendit l’enveloppe d’un coup de pouce ; elle contenait un billet de 50 francs. Cet argent a reçu la destination indiquée par la donatrice. 25 francs furent distribués à des « copains » qui « refilaient la comète ». Le reste fut envoyé dans les prisons et aux parents des prisonniers.
Ravachol, alors prisonnier, en reçut-il sa part ?
Quelques jours plus tard, nouvel envoi de la duchesse. 100 francs, cette fois.
Henry Dupont prit alors sa plus belle feuille de papier et écrivit à Mme d’Uzès :
Je vous accuse réception de votre aimable envoi. Il est bien entendu, Madame, que cet envoi n’aliène en rien ni ma liberté ni celle de mes camarades.
Ce témoignage de reconnaissance mit fin à toute correspondance entre la duchesse et les anarchistes.