Aller au contenu

Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour vous seule que j’ai amené M. Tappe ici.

— Eh pourquoi, je vous prie, monsieur ? Quel droit vous arrogez-vous d’exposer à mes yeux des créatures immondes.

— Afin, mademoiselle, que vous acquériez vous-même la preuve que, parmi les hommes, il y a des créatures immondes.

— Et, en supposant que cela fût vrai, pourriez-vous me dire ce que je gagnerais à le savoir ?

— Ce que vous gagneriez, mademoiselle ! mais ce que l’on gagne à connaître ses ennemis, vous apprendriez à vous en défier.

— Oh ! cette science coûte trop cher ! le peu que je viens d’en voir a glacé tout mon sang d’horreur. Serait-il donc vrai qu’il se trouve dans le monde beaucoup d’hommes de l’espèce de celui avec lequel je viens de causer !

— Malheureusement oui, mademoiselle. Et puisque nous sommes dans un moment de franchise, j’oserai même vous affirmer que la majorité de la race humaine est, en tout point, semblable à l’honorable M. Tappe.

— Si cela était vrai, monsieur, j’irais de suite me jeter à la mer ; mais heureusement je lis dans les yeux de M. Chabrié un démenti for-