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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/123

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Et Brandisco se mit à pleurer.

— Après être sorti des prisons d’Angleterre, j’ai fait un petit héritage ; je suis allé à Paris, où j’ai rencontré ma jolie petite femme de la rue Saint-Denis. Je me suis marié, et mon épouse m’a conseillé de venir faire le commerce à Sierra-Leone. Depuis que je suis dans ce pays, j’ai éprouvé encore beaucoup de malheurs, aussi j’ai presque entièrement abandonné la traite ; le bon Dieu ne veut pas que je réussisse à vendre ces chiens de noirs. Maintenant je fais mon petit commerce, un peu de contrebande ; ma petite femme a une jolie boutique, beaucoup d’ordre, et je pourrai peut-être, dans quatre ou cinq ans, retourner à ma belle Venise.

La goélette de Brandisco était du port de trente à quarante tonneaux ; j’eus beaucoup de peine à y monter : le grand nègre qui me reçut était effrayant par les proportions herculéennes jointes à un air de férocité. J’éprouvai aussi des difficultés à descendre dans la chambre : à l’entrée, qui était un trou carré, s’appliquait une petite échelle placée perpendiculairement. M. Briet descendit le premier, et facilita mon introduction dans cette cage : elle ne pouvait