Aller au contenu

Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous en espérons et nous n’aimons qu’en proportion de celles que nous donne l’objet aimé.

— Mon Dieu ! comme vous avez toujours des réponses arides et désolantes !

— Aimeriez-vous mieux que je vous trompasse ?… je vous suis trop sincèrement attaché pour y consentir jamais. Vous êtes la seule femme pour laquelle mon estime a augmenté à mesure que je l’ai connue davantage. Avant de vous avoir rencontrée, je ne me figurais pas qu’il pût exister une personne aussi réellement bonne : vous me réconciliez avec l’espèce humaine, et je conçois qu’on vous aime sans espoir de retour ; mais, chère demoiselle, vous faites exception, et l’exception confirme la règle.

— Eh bien ! j’admets que vous ayez raison, que l’amour soit effectivement un sentiment égoïste, et je crois avec vous qu’il l’est en général ; mais en est-il de même de l’amitié ? cette affection n’existe-t-elle pas indépendamment de tout intérêt ?

— En vérité, je vous admire ! à vingt-six ans, croire encore avec cette candeur d’enfant qu’il existe de l’amitié parmi les hommes !

— Eh quoi ! monsieur, le nieriez-vous ?