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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/166

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paraître bien ridicule à vous habituée aux élégantes manières des beaux jeunes gens de Paris, qui savent dire de jolies phrases, mais qui ne sentent rien, ou plutôt, je me trompe, ils sentent la peur, car ne m’avez-vous pas dit un soir, lorsque nous étions en rade de la Praya, qu’un d’eux avait eu peur de votre amour ?

— Chabrié, vous me rappelez des souvenirs qui me déchirent le cœur.

— Pardon, mademoiselle ! je croyais, dans ma bonhomie, que lorsqu’une personne reste insensible à la vue des atroces douleurs qu’elle cause, elle doit être peu touchée d’un souvenir !

— Chabrié, vous me faites du chagrin ; vous êtes injuste envers moi, et vous ne m’aimez pas autant que vous le dites.

— Je ne vous aime pas autant que je le dis !… Mais savez-vous bien, Flora, que je vous aime plus que moi-même je ne le voudrais ?

— Si cela est, donnez-m’en une preuve !

— Laquelle ? demandez ! je suis prêt à vous les donner toutes.

— En bien, aimez-moi d’amitié.

— Il est inutile de me le demander : vous savez bien que je suis votre ami, celui de votre fille, jusqu’à mon dernier souffle de vie.