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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/170

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dont l’âpreté et la rudesse envenimaient les moindres paroles.

M. David avait la grossière et burlesque habitude d’entasser toujours quatre ou cinq jurements ou épithètes lorsqu’il s’exprimait sur les choses, ou qu’il adressait la parole aux gens qui faisaient le service. Il ne parlait non plus des Péruviens qu’avec des kyrielles de termes injurieux. M. Miota, qui s’en irritait, ne trouvait d’autre moyen de s’en venger que d’exciter à son tour la mauvaise humeur des trois Espagnols en leur traduisant les locutions de M. David que, probablement, il amplifiait encore.

La vie de bord est antipathique à notre nature : au tourment perpétuel des secousses plus ou moins violentes du roulis, à la privation d’exercice, de vivres frais, à la continuité de ces souffrances qui aigrissent les humeurs et rendent irascibles les caractères les plus doux, il faut joindre le cruel supplice de vivre dans une petite chambre de dix à douze pieds, en vis-à-vis avec sept ou huit personnes, qu’on voit le soir, le matin, la nuit, à tout instant. C’est une torture qu’il faut avoir éprouvée pour la bien comprendre.

M. David se levait de très grand matin, afin