Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/178

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dîner. Pendant tout le cours du voyage, il n’a pas manqué un jour à cette déférence, mais le malin avait un tel savoir-faire qu’il me faisait toujours choisir les plats qui lui convenaient, sans s’inquiéter s’ils convenaient aux autres. Je profitais de cette visite pour le gronder sur sa conduite du matin.

— Chère demoiselle, pardonnez-le-moi aujourd’hui. Je vous promets que désormais je jurerai beaucoup moins. Sur ma parole, je croyais que vous dormiez : vous savez que je ne jure jamais devant vous.

— Mais, mon cher David, pourquoi accumulez-vous tant de jurements ? un seul vaut autant mille. Et que signifie cette longue kyrielle d’épithètes que vous débitez ? Si le mousse les méritait toutes, savez-vous que ce serait un être extraordinaire ? Au nom du ciel !! par considération pour nous, contentez-vous d’un seul jurement et d’une seule épithète. Ne criez pas pendant une heure, car tout ce que vous lui dites ne le rend pas plus propre, et cela nous réveille, nous fait mal.

— Mademoiselle, je me permettrai de vous dire que c’est vous, qui perdez ce mousse. Ce maraud se sent soutenu par vous et par Chabrié,