Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/218

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impulsions de Dieu, principe d’amour dont elle émane, et, dans sa liberté, a la conscience d’elle-même et le pressentiment de sa destinée.

Deux jours après notre arrivée à Valparaiso le beau trois-mâts l’Élisabeth mit à la voile pour France. En voyant les apprêts de son départ, j’eus un vif désir de repartir sur ce navire, tant j’étais pénétrée de l’accueil que mon oncle me ferait. La crainte d’affliger Chabrié m’empêcha de céder à ce désir. Cette démarche m’eût fait passer pour folle aux yeux du monde, mais ce n’est pas cette considération qui m’arrêta. Déjà, à cette époque, j’avais coutume de suivre la voix de ma conscience : les affections de mon cœur pouvaient m’en détourner et non les raisonnements du monde.

M. David vint me voir : il me parut réellement peiné du malheur qui m’était arrivé ; il me parla d’abord avec bonté, mit ensuite en usage sa philosophie ; puis, changeant le cours de la conversation, il me dit :

— Savez-vous, chère demoiselle, qu’ici on parle beaucoup de vous depuis votre arrivée ?

— Et à quel propos ?

— Ah ! parce que vous êtes la nièce de don Pio de Tristan, très connu à Valparaiso par le