Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/225

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naître. Dans son stupide égoïsme, elle ne voit pas que le mal attaque l’organisation sociale à sa base, et les relevés statistiques lui en révèlent les progrès sans qu’elle songe à y porter remède.

Quand madame Aubrit eut fini de me raconter ses peines, elle me parla de M. Chabrié, loua sa générosité, sa délicatesse, et ajouta : — Ah ! mademoiselle, il est bien malheureux qu’une aussi belle ame soit tombée dans d’aussi méchantes mains !

— De qui donc voulez-vous parler ?…

— De cette femme qui l’a fait rester, à Lima, pendant trois ans, à y perdre son temps ; de cette madame Aimée, dont peut-être M. David vous aura parlé, car il ne l’aimait guère. On a bien raison, mademoiselle, de dire qu’un bon os n’est jamais pour un bon chien. Je crois, sans me flatter, valoir un peu mieux que cette madame Aimée ; et, si je n’ai jamais rencontré d’hommes qui m’aient fait du mal, je n’en ai pas trouvé dont l’amour correspondit au mien, tandis qu’elle fait aller ce pauvre Chabrié de la façon la plus indigne, et cependant il en est fou.

Tout ce que madame Aubrit me raconta au sujet de cette madame Aimée, et du tort qu’elle