Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/245

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ques revinrent, et, avec elles, mes forces morales. J’approuvais ma conduite ; je me sentais le courage d’y persister et de lutter contre les obstacles auxquels je m’attendais. Le contentement de moi-même me rendit toute ma gaîté.

Nous nous liâmes d’entretien, le docteur et moi : je me mis à parler de Paris, d’Alger, de mille choses avec un entraînement dont moi-même j’étais étonnée. Nous causions sur tous les sujets, mais particulièrement sur Paris, auquel il me ramenait toujours, parce qu’il ne connaissait presque pas cette ville, ayant passé toute sa vie, depuis sa sortie du collège, dans les colonies espagnoles. Le fashionable américain s’efforçait de comprendre ce que nous disions ; il saisissait le sens de quelques phrases, et devinait souvent le surplus. Il me laissa enfin pénétrer l’opinion qu’il s’était formée de moi et de M. de Castellac ; j’en eus plus de liberté pour m’égayer avec lui aux dépens de ce pauvre docteur, qui prêtait un peu à rire, dans une foule d’occasions.

M. de Castellac, après être resté six ans au Mexique, où il avait amassé une très jolie fortune, vint à Paris en 1829. Il confia tout son argent à MM. Vassal et Cie, pensant que la