Il est nécessaire, pour l’intelligence du lecteur, que je le mette au courant des relations qui existaient entre mon oncle et moi, et que je l’instruise également de la position de mon oncle relativement aux habitants du pays.
On a vu, dans mon avant-propos, que le mariage de ma mère n’avait pas été régularisé en France, et que, par suite de ce défaut de forme, j’étais considérée comme enfant naturel. Jusqu’à l’âge de quinze ans, j’avais ignoré cette absurde distinction sociale et ses monstrueuses conséquences, j’adorais la mémoire de mon père, j’espérais toujours dans la protection de mon oncle Pio, dont ma mère, en me le faisant aimer, m’entretenait continuellement quoiqu’elle ne le connût que par sa correspondance avec mon père. J’avais lu et relu cette correspondance, monument extraordinaire où l’amour fraternel se reproduit sous toutes les formes. J’avais quinze ans, lorsqu’à l’occasion d’un mariage que je désirais contracter, ma mère me révéla la position dans laquelle me plaçait ma naissance. Ma fierté en fut tellement blessée que, dans le premier moment d’indignation, je reniais mon oncle Pio et toute ma famille. En 1829, après une longue conversation sur le Pérou avec