Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/283

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de chasse en drap vert, si juste, si râpée, qu’on craignait de la voir éclater sur lui. Sa tête était couverte d’une calotte de soie noire, et, par-dessus d’un énorme chapeau de paille. À tout cela, il faut ajouter l’accompagnement des paniers, des bouteilles sur le devant de sa mule, et, sur la croupe, des couvertures, des tapis, des foulards, des manteaux, en un mot, de tout le bataclan d’un homme qui, habitué à voyager dans le désert, craint de manquer de tout. Quant à moi, j’ignorais ce que sont de tels voyages, et j’étais partie comme je le ferais de Paris pour aller à Orléans. J’avais des brodequins en coutil gris, un peignoir en toile brune, un tablier de soie, dans la poche duquel étaient mon couteau et mon mouchoir ; sur ma tête un petit chapeau en gros des Indes bleu ; j’avais pris cependant mon manteau et deux foulards.

Nous descendîmes la montagne, dont le périlleux chemin nous mena à Guerrera, à une lieue d’Islay. Là nous vîmes des sources d’eau vive, des arbres et quelque peu de végétation. Il y avait cinq ou six cabanes habitées par des muletiers. Ces messieurs de la Fuente lièrent conversation avec moi, et me parlèrent de l’étonnement qu’avait produit mon arrivée, à laquelle on ne