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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/301

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sur le sommet de cette troisième montagne, où règne un air pur et frais. Le voyageur haletant de fatigue et baigné de sueur se sent ranimé. Quant à moi, j’éprouvais les mêmes souffrances que j’avais ressenties la veille : une oppression spasmodique me serrait la poitrine et me faisait gonfler toutes les veines du cou et du front : mes larmes coulaient sans que je pusse les arrêter, ma tête ne pouvait plus se soutenir, et tous mes membres étaient anéantis. La soif, une soif dévorante était le seul besoin que je sentisse. Don José, d’une complexion délicate et sensible à l’excès, fut tellement affecté de l’état où je me trouvais, que tout à coup sa figure prit une pâleur de mort, et il s’évanouit entièrement. Le docteur était aux abois, il se désespérait, pleurait et ne remédiait à rien. Don Balthazar seul ne perdit pas un instant son sang-froid, ni même sa gaîté ; il soignait tout le monde et veillait à tout avec ordre et intelligence. Il fit revenir son cousin, lui arrangea un lit sur des tapis ; puis, après que nous fûmes restés environ une demi-heure sur le haut de cette montagne, il donna le signal du départ. Nous lui obéîmes sans réplique, sentant, comme par instinct, qu’il lui avait été départi la force, et que c’était à