Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/310

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ces étranges dispositions d’esprit dans lesquelles se trouvent parfois les êtres enclins au somnambulisme, le fait est que la vue de ce superbe chat m’inspira un mouvement de terreur que je ne pus m’expliquer. Je voulus cependant maîtriser cette frayeur panique, dont s’indignait mon caractère hardi et brave jusqu’à la témérité, je sortis mon bras du lit, pris la tasse de lait qui était à côté de moi, et la tendis à l’animal en l’appelant d’une voix douce, afin de ne pas l’effrayer. À ce mouvement, cette bête hérissa son poil, fit un bond de côté, puis, d’un autre bond, sauta sur l’autel, comme si elle eût voulu s’élancer sur moi. J’allais appeler à mon secours quand parut à la porte un petit être qui me fit l’effet d’un ange ! — Ne craignez rien, me dit-il, voyant mon effroi : ce chat n’est pas méchant, mais il est très sauvage, et, quand il a peur, il est comme un fou. En disant ces mots, la jolie petite créature s’approcha de l’autel, parla au chat, qui se laissa caresser, et, comme il était trop lourd pour qu’elle pût le porter, elle l’entraîna vers la porte qu’elle referma entièrement après l’avoir poussé dehors. Pour le coup, je ne savais plus que penser de cette apparition ! Si l’énorme chat,