Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/312

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corps tout fluet, les membres très minces, de jolies petites mains, et les pieds si petits, qu’on avait peine à le voir marcher. Le son de sa voix remuait l’ame, et son parler, encore enfantin, donnait une grâce toute particulière à ce qu’il disait.

Cet admirable enfant me regardait avec un air de tendresse et de sollicitude. Je lui en demandai la raison.

— Je voudrais savoir, me dit-il, si vous souffrez encore beaucoup ?

Et il me dit qu’à mon arrivée, m’ayant vue les yeux fermés et mourante, il en eut tant de peine qu’il avait pleuré, beaucoup pleuré. Ensuite il me raconta tout ce qui s’était passé depuis que je dormais, et cela avec une intelligence extraordinaire pour un enfant de cet âge. Je le priai d’aller chercher sa mère. Elle vint avec le docteur, qui était rayonnant.

— Ah ! mademoiselle, me dit celui-ci, que de choses heureuses à vous apprendre ! L’évêque d’Aréquipa vient d’envoyer un de ses gens vous porter cette lettre. Lisez-la, que nous sachions vite de quoi il s’agit. Il paraît que toute la ville est en émoi à votre sujet. Chère demoiselle, tout va bien maintenant. J’espère que vous devez être contente.