Aller au contenu

Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manière que nous étions toujours l’une chez l’autre. Le matin elle m’envoyait à déjeuner, et, vers trois heures, j’allais dîner chez elle. Toujours dona Carmen avait l’attention d’inviter quelques amis, afin que j’eusse de la compagnie pour me distraire ; mais je préférais rester seule avec elle, trouvant sans cesse, dans sa conversation, à m’instruire sur les personnes et sur les choses du pays.

Dès le lendemain de mon arrivée à Aréquipa, j’avais écrit à mon oncle que j’étais chez lui, que ma santé ne me permettait pas de l’aller trouver à Camana et que j’attendais son retour avec la plus vive impatience.

Quinze jours se passèrent sans réponse de don Pio. J’étais inquiète, et ma cousine au moins autant. Elle craignait mon oncle et appréhendait que son silence n’indiquât sa désapprobation de la conduite qu’elle avait tenue envers moi. La manière d’agir de mon oncle à mon égard renouvelait l’agitation que mon arrivée avait produite parmi ses ennemis et ses amis : les uns disaient qu’il avait peur de moi ; les autres pensaient qu’il machinait quelque tour de sa façon, quelque piège pour me prendre ; les alarmistes allaient même jusqu’à dire