Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/341

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ber. Le plus brave eût été saisi d’effroi à sentir le sol s’agiter ainsi, à voir les oscillations des maisons. Tous les esclaves étaient dans la cour, à genoux, en prières, pétrifiés et comme résignés à mourir.

Je rentrai me coucher ; ma cousine vint aussitôt. La terreur avait bouleversé ses traits. — Ah ! Florita ! me dit-elle, quel horrible terremato ! Je suis sûre qu’une partie de la ville est renversée. Il m’arrivera un jour de rester ensevelie sous les ruines de ma vieille masure. Vous, ma chère amie, qui n’êtes pas habituée à de pareilles convulsions, quel effet en avez-vous éprouvé ?

— Cousine, j’ai cru être encore sur un navire : c’est ainsi qu’on ressent le mouvement des vagues, et je n’ai eu peur que lorsque, me trouvant dans la cour, j’ai vu les maisons se pencher vers moi, les pavés remuer, le ciel vaciller comme quand on est en mer. Alors j’ai compris toute l’épouvanté dont le cœur de l’homme est saisi en présence d’un fléau qui lui fait si profondément sentir son impuissance. Ces tremblements de terre sont-ils fréquents dans ce pays ?