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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/347

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Me sentant devenir pourpre par l’indignation que cette conversation réveillait dans mon ame, je m’étais caché la figure avec l’un des bouts de la mantille de dona Carmen ; et, tandis qu’elle continuait, je n’étais attentive qu’à me calmer.

Cette première conversation me suffit pour deviner tout ce que cette femme avait eu à souffrir pendant la vie de mon cousin. Les femmes, ici, pensai-je, sont donc, par le mariage, aussi malheureuses qu’en France ; elles rencontrent également l’oppression dans ce lien, et l’intelligence dont Dieu les a douées reste inerte et stérile.

Le lendemain du tremblement de terre, je reçus une foule de visites : tous ces bons Aréquipéniens étaient très curieux de connaître l’impression qu’il avait produite sur moi : beaucoup d’entre eux semblaient me dire par leur air : Vous n’avez pas de ces jolies choses en France.

Ce tremblement de terre détruisit entièrement la ville de Tacna, située sur la côte ; toutes les maisons en furent renversées ; l’église, qu’on venait de terminer et d’ouvrir au public depuis quinze jours, s’écroula ; dix-huit personnes y périrent, vingt-cinq y furent grièvement blessées. La ville d’Arica souffrit presque autant. La