Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/349

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n’a jamais exposé au grand jour d’aussi indécentes bouffonneries, des parades plus scandaleusement impies. En tête de la procession marchaient des bandes de musiciens et de danseurs, tous déguisés. Des nègres et des sambos[1] se louent un réal pour jouer leur rôle dans cette farce religieuse. L’église les affuble des vêtements les plus burlesques ; elle les habille en pierrots, en arlequins, en benêts ou en d’autres caractères du même genre, et leur donne, pour se couvrir la figure, de mauvais masques de toutes couleurs. Les quarante ou cinquante danseurs faisaient des gestes et des contorsions d’une cynique impudence, agaçaient les négresses et les filles de couleur qui formaient la haie, leur adressaient toutes sortes de propos obscènes. Celles-ci, se mêlant de la partie, cherchaient, de leur côté, à reconnaître les masques. C’était un pêle-mêle grotesque d’où l’on entendait partir des cris, des rires convulsifs, et duquel je détournais la vue avec dégoût. Après les danseurs paraissait la Vierge vêtue avec magnificence ; sa robe en velours était garnie de perles ; elle avait des diamants sur la tête, au cou et aux

  1. Métis provenant d’un mélange des races indienne et nègre.