Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/411

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peuple, n’y sont pas moins scandaleuses ; toutes ces processions ont un trait de ressemblance ; les bons moines y demandent toujours, et toujours on leur donne.

C’est pendant la semaine sainte qu’ont lieu les grandes saturnales du catholicisme péruvien. Dans toutes les églises d’Aréquipa, on fait un énorme tas de terre et de pierres sur lequel on plante des branches d’olivier pour figurer le calvaire avec ses roches et ses arbres. Sur cette montagne factice, on donne, le vendredi saint, la représentation du supplice de Jésus. On le voit arrêté, flagellé et crucifié avec les deux larrons. C’est l’historique de la Passion, sans l’omission d’aucune circonstance, mis en action ; le tout accompagné de chants, de récitatifs : puis arrive la mort du Christ ; les cierges s’éteignent, les ténèbres règnent… ; les mœurs faciles de ce peuple entassé dans ces églises peuvent faire présumer ce qui se passe alors dans diverses parties de l’église… ; mais Dieu est miséricordieux et les moines, ses ministres, disposent de son absolution. La descente de croix est la seconde pièce : une foule confuse d’hommes, de femmes de races blanche, indienne et nègre assiègent le calvaire en poussant des