Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/446

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par le langage. Je pris sa main, et la serrant avec amour, je lui dis : Oh ! mon oncle, que j’ai besoin de votre affection !… — Ma fille, vous l’avez tout entière. Je vous aime comme mon enfant : vous êtes ma sœur, car votre père m’a servi de père. Ah ! ma chère nièce, que je suis heureux de vous voir, de contempler des traits qui me rappellent si fidèlement ceux de mon pauvre frère. C’est lui, lui, mon frère, mon cher Mariano, dans la personne de Florita. – Il m’attira vers lui, je penchai ma tête sur sa poitrine, au risque de me jeter à bas de mon cheval, et restai ainsi assez longtemps. Je me relevai baignée de larmes : était-ce de joie, de douleur ou de souvenirs ? je ne sais… ; mes émotions furent trop vives et trop confuses pour que je puisse en préciser la cause. Ces messieurs nous avaient rejoints : j’essuyai mes yeux, travaillai à reprendre mon calme, et marchai en avant avec mon oncle sans parler. En entrant dans la cour, ma tante, qui est aussi ma cousine, puisqu’elle est sœur de Manuela, vint au devant de moi, me fit un accueil très gracieux, mais au fond duquel je démêlai une grande sécheresse d’âme. J’embrassai ses enfants, ses trois filles, son garçon, et tous quatre me parurent