Aller au contenu

Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. David a fait lui-même son éducation, et, sans avoir rien approfondi, il a acquis une grande variété de connaissances. Actif, entreprenant, infatigable, il est avide de plaisirs, inaccessible au chagrin, insensible à la douleur, et possède au plus haut degré cet esprit de dénigrement que l’auteur de Candide mit en vogue sur la fin du dernier siècle. Il voit toujours l’espèce humaine sous le mauvais côté ; entêté dans son opinion, il n’est jamais de celle des autres, critique tout, ergote sur tout ; sophiste par caractère, il se lance audacieusement dans une discussion qu’il est hors d’état de poursuivre, tant son esprit léger répugne aux pensées profondes, tant il est incapable d’une attention soutenue, et lorsqu’il est empêtré au milieu de ses raisonnements, il fait intervenir une plaisanterie bouffonne qui, excitant le rire de son auditoire, fait perdre de vue l’objet principal de la discussion. Quelque superficiellement qu’il connaisse la chose sur laquelle s’établit la conversation, M. David en parle avec un aplomb à déconcerter l’inventeur même de cette chose. Dans un âge très tendre, laissé sans secours aux prises avec la misère, c’est à la bonne école qu’il a connu le cœur humain ; accueilli par de