ce qu’elle en sait. Elle regrettait beaucoup ce cher mari, mort depuis quatre ans.
Elle nous reçut dans une grande pièce sombre, mal carrelée et d’un aspect triste ; c’est ce qu’elle nomme son salon. L’ameublement avait quelque chose de bizarre ; aussitôt que nous entrâmes, il attira notre attention. Il était facile de reconnaître que cette pièce avait été habitée par un Français : les murs étaient tapissés de mauvaises gravures représentant Bonaparte dans quatre ou cinq situations différentes ; tous les généraux de l’empire et les principales batailles y étaient symétriquement placés. Au fond de ce salon était une bibliothèque grillée, au-dessus le buste de l’empereur, couvert d’un voile noir. Cette bibliothèque renfermait quelques ouvrages de Voltaire et de Rousseau, les contes de La Fontaine, Télémaque, Robinson Crusoé : tous ces livres étaient pêle-mêle sur les rayons. Il y avait, sur un meuble, deux sphères et un bocal contenant deux fœtus dans de l’esprit de vin. On voyait çà et là des objets venus de France ; une petite table à ouvrage en acajou, une lampe, deux fauteuils en crin noir, des cages où étaient des oiseaux ; le beau tapis qui recouvrait la grande table placée au milieu du salon, et une