Aller au contenu

Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sacrifice, aucun dévouement, afin d’atteindre le but qu’ils se proposaient. Ces êtres sont tellement au-dessus du commun des hommes, que toujours ils en ont été méconnus et souvent la grandeur de leurs actes n’a été appréciée que plusieurs siècles après eux. L’antiquité n’en offre pas un plus grand nombre d’exemples que n’en présente l’histoire moderne dans l’établissement des religions et dans les révolutions politiques des peuples. Aux yeux du sceptique et de l’égoïste, les dévouements de Jeanne d’Arc, de Charlotte Corday, des martyrs de toutes les révolutions, de toutes les sectes religieuses paraissent des actes de démence ; mais ces âmes héroïques suivaient l’impulsion qu’elles avaient reçue de Dieu et, quoiqu’elles désirassent le succès de leurs actes, ce n’était pas des hommes qu’elles en attendaient la récompense.

Je savais par expérience tout ce qu’il y a d’affreux à aimer un être qui ne peut nous comprendre, dont l’amour ne s’harmonise pas avec la grandeur du sentiment qu’on ressent pour lui. Aussi je m’étais bien promis de mettre tous mes soins à n’être jamais la cause d’une pareille douleur, et d’éviter, autant que cela dépendrait de moi, d’inspirer un sentiment que je n’eusse pu par-