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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/99

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lent dans ce beau ciel. J’aime de prédilection cette croix du sud, formée par ces quatre étoiles, dont une est plus petite.

— Et les deux que je vois, à côté, brillant d’un si vif éclat ?

— Ce sont les jumeaux.

— En effet, elles se ressemblent ; et ces innombrables petites étoiles formant comme un nuage resplendissant de lumière, comment les nommez-vous ?

— Que vous êtes heureuse, mademoiselle Flora, d’attacher de l’intérêt à tout ! J’admire en vous cette curiosité d’enfant ! Quel bonheur d’avoir des illusions ! La vie est bien terne quand on n’en a plus.

— Mais j’espère, monsieur Chabrié, que vous n’en êtes pas là ; avec une belle âme comme la vôtre, on est jeune longtemps.

— Mademoiselle, on est jeune tant qu’on aime d’amour un être dont on est aimé mais l’homme de vingt ans qui a le cœur vide est vieux.

— Vous croyez donc qu’on ne peut vivre sans cette condition d’aimer ?

— J’en suis convaincu, à moins qu’on appelle vivre boire, manger et dormir comme