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tourment de mes réflexions, je parvenais à me calmer en me rejetant dans l’irrésolution, il suffisait d’un mot d’Althaus ou d’Emmanuel pour que je reprisse ma détermination, et les combats de la nuit se renouvelaient. Vainement aurais-je cherché à fuir les conversations sur la politique : chez mon oncle, la politique était le sujet de tous les entretiens ; chez Althaus, on ne s’occupait pas d’autre chose : sa femme s’y engageait avec ardeur. Chaque jour, Emmanuel venait chez moi ; toutes les autres personnes que je voyais ne me parlaient que des affaires de la république ; c’est que ces affaires intéressaient tous les individus dans ce qu’ils avaient de plus cher.

Carmen était la seule qui évitât, autant qu’elle le pouvait, de parler sur ce sujet ; elle me répétait souvent : — Florita, qu’avons-nous besoin, nous autres femmes, de nous occuper des affaires de l’État, puisque nous n’y pouvons remplir aucune charge, qu’on dédaigne nos conseils, et que vos grands personnages ne nous jugent propres qu’à leur servir de jouet ou de ménagères ? Je trouve que vous et Ma-