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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/117

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prouverais, mais je me prosternerais devant lui et vendrais jusqu’à mon dernier châle de soie pour contribuer à lui élever une statue.

— Ce que vous dites là est très beau ! J’avoue, cousine, que je ne vous aurais pas crue capable d’autant de dévouement pour votre patrie : vous pourriez agir ainsi, parce que vous avez du bon sens et que vous comprenez très bien que la prospérité du pays est celle de tous les individus qui l’habitent ; mais la majorité des Péruviens verrait-elle cela du même œil ?

— Oui, sans doute, Florita, la très grande majorité l’approuverait ; car, comme vous le répétez sans cesse, le bon sens est dans les masses ; les ambitieux, les intrigants seraient seuls mécontents de voir employer l’argent à des choses utiles : avides du bien d’autrui, ils sont toujours disposés à fomenter les troubles ; ils y trouvent l’occasion de s’enrichir sans travail ; dans le gaspillage des deniers publics, ils tirent leur épingle du jeu et applaudissent à des désordres dont ils profitent. Ces hommes forment incontestablement le plus petit nombre ; néanmoins ils mènent les affaires et ruinent notre malheureuse nation.

Lorsque, dans nos conversations, Carmen