Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chent à imiter, Manuela n’épargne ni soins ni dépenses pour se mettre au courant des modes nouvelles : elle reçoit le journal qui leur est consacré et ses correspondants lui font parvenir les costumes nouveaux à mesure qu’ils paraissent. M. Poncignon, considérant ma cousine comme sa meilleure pratique, l’appelle, avant aucune autre dame de la ville, pour choisir dans les nouveautés qu’il reçoit ; et en cela M. Poncignon agit avec discernement ; car si Manuela reçoit la mode des Parisiennes, c’est elle qui la donne aux Aréquipéniennes. La meilleure couturière, en permanence chez elle, copie les toilettes représentées par les gravures, et avec une telle exactitude, que souvent, en voyant ma cousine, je croyais voir une de ces gentilles petites dames qui ornent l’étalage de Martinet dans la rue du Coq. Cette servilité d’imitation nuirait sans doute à beaucoup d’autres ; mais Manuela est si gracieuse que, sur elle, tout s’embellit, tout est charmant. Ses jolis petits traits, l’expression ravissante de sa physionomie aussi spirituelle qu’enjouée, son air distingué, ses manières avenantes, sa démarche leste et coquette, s’harmonisent avec tous les costumes, quelque bizarres qu’ils soient.