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gnage de la peur qu’ils lui inspiraient ; leur courage en augmenta ; et, comme cela arrive toujours chez les peuples qui manquent d’expérience, ils passèrent aussitôt de la terreur qui les avait saisis à une jactance, une fanfaronnade qui donnèrent à toutes les personnes raisonnables de justes appréhensions ; elles redoutaient les revers et n’éprouvaient pas de moins cruelles inquiétudes sur les suites de la victoire, si ces hommes, aussi lâches que présomptueux, venaient à l’obtenir. Dès le moment où, dans leur aveugle confiance, ils crurent avoir gagné la bataille, sans connaître les ennemis qu’ils avaient à combattre, ce fut à qui d’entre eux ferait le plus de sottises, depuis le général en chef jusqu’au dernier employé de la mairie : c’était à faire pitié ! Je reconnus dès lors que, quel que fût l’événement, le pays était perdu ; que les succès de Nieto amèneraient, aussi inévitablement que ceux de San-Roman, l’exigence de contributions énormes, la spoliation des propriétés et le pillage sous toutes ses formes.

Le 21 mars, Althaus me dit : — Enfin, Florita il paraît que le général a des renseignements exacts : San-Roman sera ici demain ou après-demain ; croiriez-vous que, jusqu’à pré-