Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142

minentes où la ville se trouvait, tous les couvents offrirent l’asile du sanctuaire à la population alarmée. Ma tante et Manuela jugèrent prudent d’y prendre refuge, et je profitai de cette circonstance pour m’instruire des détails de la vie monastique. Santa-Rosa était toujours présent à ma pensée ; je m’efforçais de décider ces dames à lui donner la préférence sur Santa-Cathalina, où elles inclinaient à aller. Les supérieures de ces deux couvents étaient nos cousines ; l’une et l’autre nous avaient fait les invitations les plus affectueuses : chacune d’elles désirait nous avoir, et cherchait à déterminer notre choix en faveur de la bonne hospitalité qu’elle nous préparait. Santa-Rosa, par sa beauté, devait plus vivement exciter notre curiosité ; mais ces dames redoutaient l’extrême sévérité de l’ordre des carmélites dont les religieuses de ce couvent ne se relâchent en aucune circonstance. J’eus beaucoup de peine à vaincre toutes leurs répugnances ; cependant je parvins à en triompher. Vers sept heures du soir, nous nous rendîmes au couvent après avoir eu le soin d’envoyer devant nous une négresse pour nous annoncer.

Je ne crois pas qu’il ait jamais existé, dans l’état le plus monarchique, une aristocratie plus