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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/158

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accompagnèrent avec le même cérémonial et la même étiquette qu’elles avaient mis à nous recevoir ; enfin nous passâmes le seuil de cette énorme porte en chêne, verrouillée et bardée de fer comme celle d’une citadelle : à peine la portière l’eut-elle refermée, que nous nous mîmes toutes à courir dans la longue et large rue de Santa-Rosa, en criant : « Dieu ! quel bonheur d’être en liberté ! » Toutes ces dames pleuraient ; les enfants et les négresses gambadaient dans la rue ; et moi j’avoue que je respirais plus facilement. Liberté, oh ! chère liberté, il n’est pour ta perte aucune compensation : la sécurité même n’en est pas une ; rien au monde ne saurait te remplacer.

Dès le lendemain de notre entrée à Santa-Rosa, Althaus nous avait fait dire que la nouvelle était fausse, que l’Indien de qui on la tenait était vendu à San-Roman, et que celui-ci n’arriverait pas avant quinze jours. Nous crûmes donc pouvoir revenir chez nous ; mais, le soir même de notre sortie, il y eut une autre alerte, et, cette fois, mes parentes se retirèrent à Santa-Cathalina. Il paraissait positif que San-Roman était à Cangallo. Son arrivée à une si courte distance d’Aréquipa (quatre lieues) rendait le