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dames prennent un vif intérêt ; puis elle se retira entourée d’une foule de religieuses, car toutes l’aiment comme leur mère et leur amie.

J’ai dû, pendant dix ans de voyages, changer fréquemment d’habitation et de lit ; mais je ne me souviens pas d’avoir jamais éprouvé une sensation aussi délicieuse que celle que je ressentis en me couchant dans le charmant petit lit de la supérieure de Santa-Cathalina. J’eus l’enfantillage d’allumer les deux bougies bleues qui étaient sur l’autel, je pris le petit rosaire, le joli livre de prières, et je restai longtemps à lire, m’interrompant souvent pour admirer l’ensemble des objets qui m’entouraient, ou pour respirer avec volupté le doux parfum qui s’exhalait de mes draps garnis de dentelle. Cette nuit-là, j’eus presque le désir de me faire religieuse. Le lendemain, je me levai très tard, l’indulgente supérieure m’ayant prévenue qu’il était inutile que je me levasse à six heures (comme on l’avait exigé de nous à Santa-Rosa), pour me rendre à la messe : Il suffit que vous paraissiez à celle de onze heures, m’avait dit la bonne dame, et si votre santé ne vous le permet pas, je vous dispense d’y paraître. La première journée fut em-