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primait une esclave[1] de quinze ans ; mais, à aucun âge, l’esclave n’a jamais aimé ses maîtres, quelque doux qu’ils fussent. Le second jour, j’étais encore seule lorsque deux officiers vinrent demander à parler au señor don Pio. Je ne voulus pas leur avouer que mon oncle se tenait caché. Je les fis entrer chez moi, en leur disant que don Pio se trouvait absent, et leur demandai ce qu’ils désiraient de lui.

— Mademoiselle, nous désirons que monsieur votre oncle, comme un des notables du pays, vienne parler au colonel Escudero, qui remplace dans le commandement San-Roman, tué dans la bataille. Nous sommes les vainqueurs, et les Aréquipéniens mésusent de notre modération en continuant à nous traiter en ennemis. Depuis notre entrée dans la ville, toutes les maisons sont barricadées, nos troupes sont sans pain, nos blessés sont laissés mourants sur le champ de bataille, tandis que tous les habitants s’obstinent à rester dans les couvents, comme si nous venions ici pour les massacrer : vous êtes la première personne à laquelle nous communiquons nos besoins ; mais vous sentez,

  1. Cette fille appartenait à ma tante.