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calme, résignée ; ni mes paroles ni mes traits ne manifestaient du mécontentement ; depuis la scène que j’avais eue avec mon oncle, je ne m’étais pas permis la plus légère allusion au sort qu’on m’avait fait. Mais cette dignité de maintien les mettait aussi mal à l’aise avec eux-mêmes qu’avec les autres. Ma présence était, pour eux tous, un reproche perpétuel ; et mon oncle, qui m’aimait réellement, en éprouvait des remords.

Je voulus avoir une conversation avec ma tante au sujet de ses enfants. Je la suppliai de me confier son fils et sa seconde fille Penchita, pour les faire élever en France d’une manière convenable à leur fortune et à leur rang dans la société. J’appelai particulièrement son attention sur Penchita, sur ce petit ange de beauté et d’esprit qui deviendrait un être extraordinaire si ses grandes dispositions étaient habilement développées. Ma tante, frappée des raisons que je lui alléguais, me dit qu’elle consentirait au départ de son fils, mais que rien au monde ne pourrait la décider à laisser aller Penchita en France. — Envoyer ma fille dans une pension de Paris pour qu’elle y soit instruite dans la philosophie, l’hérésie et l’athéisme ! Oh ! jamais