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n’entra pour rien dans les considérations dont il motiva son refus.

— Florita, je me garderai bien d’envoyer mes enfants en Europe ; j’ai trop d’exemples sous les yeux des mauvais résultats de l’éducation qu’ils y reçoivent, des habitudes qu’ils y contractent ; ils reviennent dans leur pays, après six ou huit ans d’absence, avec des goûts de luxe, de dépense, et ne sachant plus parler leur langue ; mais, en revanche, ils parlent le français, langue tout à fait inutile ici, dansent le galop, diable de danse pour laquelle il faut un espace immense, tandis qu’au Pérou on danse le mouchoir dans quatre pieds carrés, et montent à cheval à l’anglaise, mode qui n’est bonne, dans nos chemins, qu’à se faire casser le cou ; enfin, en sus de ces belles connaissances, les petits prodiges jouent du violon, de la flûte ou du cor ; convenez-en, Florita, voilà une éducation qui fait des hommes bien utiles à la république !

— Certes, mon oncle, il faudrait laisser votre fils au Pérou si, en Europe, il devait recevoir une pareille éducation ; mais croyez-vous qu’il ne soit pas possible de lui en faire donner une meilleure ?

— Ah ! je suis loin de le penser ; cependant,