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compris le charme que leur vie aventureuse devait avoir pour eux, et l’enthousiasme qu’elle inspirait au vrai matelot Leborgne. Quand j’étais fatiguée du spectacle de la rue, je jetais un coup d’œil dans le grand salon, dont les fenêtres bordaient la galerie ; cinq ou six Anglais, aux belles figures calmes et froides, parfaitement bien mis, s’y étaient réunis ; ils buvaient du grog et fumaient d’excellents cigares de la Havane, en se balançant mollement dans des hamacs de Guayquil suspendus au plafond.

Enfin, quatre heures arrivèrent ; nous montâmes dans la voiture. Le conducteur était Français, et toutes les personnes que je trouvai là parlaient français ou anglais. J’y rencontrai deux Allemands, grands amis d’Althaus, et fus de suite en pays de connaissance.

Depuis mon départ de Bordeaux, c’était la première fois que j’allais en voiture ; j’en éprouvai un plaisir qui me rendit tout heureuse pendant deux heures que dura le trajet ; je me croyais revenue en pleine civilisation.

La route, en sortant du Callao, est mauvaise ; mais, après avoir fait une lieue, elle devient passablement bonne, très large, unie, et donne