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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/371

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qu’en tire la coquetterie. Cette jupe, qui se fait en différentes étoffes, selon la hiérarchie des rangs et la diversité des fortunes, est d’un travail tellement extraordinaire, qu’elle a droit à figurer dans les collections comme objet de curiosité. Ce n’est qu’à Lima qu’on peut faire confectionner ce genre de costume ; et les Liméniennes prétendent qu’il faut être né à Lima pour pouvoir être ouvrier en saya ; qu’un Chilien, un Aréquipénien, un Cuzquénien, ne pourraient jamais parvenir à plisser la saya ; cette assertion, dont je ne me suis pas inquiétée de vérifier l’exactitude, prouve combien ce costume est en dehors de tous les costumes connus. Je vais donc tâcher, par quelques détails, d’en donner une idée.

Pour faire une saya ordinaire, il faut de douze à quatorze aunes de satin[1] ; elle est doublée en florence ou en petite étoffe de coton très légère ; l’ouvrier, en échange de vos quatorze aunes de satin, vous rapporte une petite jupe qui a trois quarts de haut, et qui, prenant la taille à deux doigts au dessus des

  1. Ce satin est importé d’Europe ; ce vêtement se faisait, avant la découverte du Pérou, avec une étoffe de laine fabriquée dans le pays. On ne se sert plus de cette étoffe que pour les femmes pauvres.