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guide, le génie inspirateur de l’homme, de perfectionner son moral, elle ne cherche qu’à le séduire, qu’à régner sur ses sens, son empire s’évanouit avec les désirs qu’elle a fait naître. Ainsi, lorsque ces Liméniennes enchanteresses, qui n’ont jamais donné aucun objet élevé à l’activité de leur vie, viennent, après avoir électrisé l’imagination des jeunes étrangers, à se montrer telles qu’elles sont, le cœur blasé, l’esprit sans culture, l’ame sans noblesse, qu’elles paraissent n’aimer que l’argent…, elles détruisent à l’instant le brillant prestige de fascination que leurs charmes avaient produit.

Cependant les femmes de Lima gouvernent les hommes, parce qu’elles leur sont bien supérieures en intelligence et en force morale. La phase de civilisation dans laquelle se trouve ce peuple est encore bien éloignée de celle où nous sommes arrivés en Europe. Il n’existe au Pérou aucune institution pour l’éducation de l’un ou de l’autre sexe ; l’intelligence ne s’y développe que par ses forces natives : ainsi la prééminence des femmes de Lima sur l’autre sexe, quelque inférieures, sous le rapport moral, que soient ces femmes aux Européennes,