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avait plus de cent calèches contenant des dames magnifiquement parées ; on y voyait de nombreuses cavalcades et une foule immense de piétons. Pendant les deux mois d’hiver, mai et juin, les montagnes se couvrent de fleurs jaunes aux feuilles vertes, nommées amancais, elles en prennent un aspect de printemps ; c’est ce qui donne lieu à la fête et le nom aux promenades. Le chemin qui conduit à ces montagnes est très large, et la perspective que l’on découvre à une certaine hauteur est enchanteresse. Dans plusieurs endroits, s’établissent des tentes où l’on vend des rafraîchissements, et où s’exécutent des danses très indécentes. Le beau monde, durant les deux mois de la saison, fréquente ces lieux ; et l’empire de la mode, le désir de voir et d’être vu font passer sur les nombreux inconvénients qu’ils présentent. Le chemin est très mauvais ; les chevaux enfoncent dans le sable jusqu’aux genoux ; le vent y est froid ; et le soir, pour peu qu’on tarde à se retirer, on risque d’être arrêté par les voleurs dont Lima abonde. Néanmoins les Liméniens y accourent avec une véritable fureur ; ils forment des parties, portent leur diner et souper, et y passent la nuit.