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reilles circonstances, on est presque satisfait de ne pas être propriétaire : car il est dur de donner son argent pour faire la guerre civile lorsqu’on pourrait l’employer à soulager des malheureux. Mais que veux-tu ? c’est le revers de la médaille.

Vinrent ensuite mon oncle et Althaus. Tous les deux étaient visiblement inquiets : mon oncle, parce qu’il craignait qu’on ne lui fît donner de l’argent ; mon cousin, parce qu’il hésitait à se prononcer pour l’un ou l’autre parti. Tous deux avaient également beaucoup de confiance en moi, et, dans cette position embarrassante, ils me demandèrent mon avis.

Mon oncle, s’approchant tout près de moi, me dit avec abandon : — Ma chère Florita, je suis bien inquiet ; conseillez-moi ; vous avez des aperçus justes en tout, et vous êtes réellement la seule personne ici avec laquelle je puisse parler de choses aussi graves. Ce Nieto est un misérable sans honneur, un mange-tout, un homme faible qui va se laisser mener par l’avocat Baldivia, homme très capable, mais intrigant et révolutionnaire forcené. Ces brigands-là vont nous rançonner, nous autres propriétaires, Dieu sait jusqu’à quel point. Florita, il