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prirent un cours plus sérieux. Je ne pus m’empêcher de déplorer les malheurs de cette Amérique espagnole où, en aucun lieu, un gouvernement protecteur des personnes et des propriétés ne s’est encore établi d’une manière stable ; où, de toutes parts, accourent, depuis vingt ans, les hommes de violence qui, voyant en Europe l’arène des combats fermée par les progrès de la raison humaine, vont en Amérique y fomenter les haines, prennent parti dans les querelles, prolongent les résistances par leur coopération et perpétuent ainsi les calamités de la guerre. Ce n’est pas actuellement pour des principes que se battent les Américains-Espagnols, c’est pour des chefs qui les récompensent par le pillage de leurs frères. La guerre ne s’est jamais montrée sous un aspect plus dégoûtant, plus méprisable : elle ne cessera ses ravages dans ces malheureux pays que lorsque rien n’y tentera plus sa cupidité, et ce moment n’est pas éloigné. Arrivera enfin le jour fixé par la Providence où ces peuples seront unis sous la bannière du travail. Puissent-ils alors, au souvenir des calamités passées, prendre en une sainte horreur les hommes de sang et de rapine ! Que les croix, les étoiles,