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soldats… ; où vous avez des masses de drap bleu, lorsque vous êtes sans tailleurs pour en faire des habits, et une belle quantité de baudriers ; quant aux gibernes, le capitaine les avait vendues à Santa-Crux. Ah ! c’est délicieux ! dites, Florita, quand vous leur peindrez en France ces bambochades péruviennes, ils croiront que vous chargez le tableau : deux mille huit cents sabres pour six cents soldats qui n’ont ni souliers à leurs pieds, ni schakos sur leur tête, qui enfin manquent de tout !!… Bravo, mon général ! tu t’y entends, et je dis, pas mal ! Quel fournisseur soigné tu nous aurais fait ! ceux de la grande armée donnaient aux soldats des souliers qui ne leur duraient pas huit jours ; mais toi, fine fleur des fournisseurs, tu leur aurais donné trois sabres en place d’une paire de souliers.

Althaus resta plus de deux heures à bouffonner sur les faits et dires des illustres chefs de la république, et cela avec une originalité, et une gaîté telles, que je ne pus m’empêcher d’en rire autant que lui.

— Florita, racontez donc à don Pio, en grande confidence, tout ce que je viens de vous dire. Je ne serais pas fâché qu’il le sût,