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clarer la ville pour Orbegoso n’étaient pas mus par l’amour du bien public, parce qu’ils estimaient ce président valoir mieux que ses compétiteurs ; mais ils virent une occasion de se saisir du pouvoir, d’arriver à la fortune, et ils s’empressèrent d’en profiter. Baldivia, qui exerçait une grande influence sur le général Nieto, le poussa à s’emparer du commandement militaire de tout le département ; lui-même, sous les auspices du général, se mit à la tête du gouvernement civil, et distribua à ses créatures tous les emplois. Ces deux hommes, ou plutôt Baldivia seul, mena toutes les affaires pendant trois mois jusqu’à l’arrivée de San-Roman.

Le moine Baldivia, né avec d’éminents talents, a été élevé dans le plus fameux couvent d’Aréquipa, celui des jésuites : son aptitude, sa prodigieuse intelligence, l’audace de son caractère le grandirent bien au dessus de la foule des élèves et fixèrent sur lui tous les regards. Le prêtre Luna Pizarro le prit sous sa protection immédiate, le retira chez lui, en fit son secrétaire, et donna tous ses soins à compléter l’éducation d’un jeune homme dont il comptait se servir un jour. Baldivia devint bientôt le confident intime de Luna Pizarro : celui-ci l’initia à tous ses