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établissant le compte des sommes volées aux pauvres, il démontra que, dans le cours de douze années, il leur avait été soustrait une somme qui se monta, avec les intérêts, à 200,000 piastres (un million et plus de notre monnaie) ; et le moine demandait à grands cris que l’évêque fut forcé à restitution. Tout le monde, même les amis de la famille Goyenèche, ne pouvaient s’empêcher de reconnaître la vérité des calculs de Baldivia et des conclusions qu’il en déduisait. Pour toute réponse, les Goyenèche se récriaient sur l’irrévérence et le scandale de pareilles attaques, refusant d’entrer autrement dans ma question. Baldivia n’abandonna pas sa proie, il poursuivit l’évêque avec une constance et une force de logique qui réduisirent au silence les timides défenseurs du prélat. Le but du moine audacieux était de le traduire devant un tribunal de haute juridiction, sous une accusation de péculat. M. de Goyenèche, d’une chétive santé, eût succombé sous la honte d’un tel procès, ou se serait vu forcé de donner sa démission. Une fois l’arbre abattu, Baldivia aurait couru aux branches, et Luna Pizarro pris ses mesures pour parvenir à occuper le siège devenu vacant.