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FEMME DE LETTRES

dont la grande, l’incontestable valeur eût été, si on l’eût connu, dans l’admirable effort de volonté maternelle qui les produisait.

Mais le vicomte de Pornec avait bien gardé son secret, et nul ne le savait.


III


Le lendemain, vers deux heures, Mme Tébesson, qui, aussitôt après le déjeuner, était remontée dans son cabinet, travaillait encore lorsque Gillette entra en coup de vent, brandissant une enveloppe armoriée :

— Mère ! mère ! une bonne nouvelle ! un bal chez Mme de Stéchaise !

Un nuage passa sur les traits de Mme Tébesson ; pourtant, elle essaya de sourire et répondit doucement :

— Un bal ! et c’est cela, Gillette, qui te rend si contente ?

— Oui, mère, pensez donc ! un vrai bal, un grand bal ! Moi qui n’en ai encore vu que deux, et puis, je ne vous ai pas encore tout dit, au bas de l’invitation, deux lignes, oh ! deux lignes cabalistiques : « Le costume est de rigueur. »

Mme Tébesson s’assombrit encore davantage, et, sans s’en apercevoir, Gillette continua :

— Comprenez-vous ma joie, maintenant, mère, un bal déguisé, ce sera délicieux !

— Enfant ! fit seulement Mme Tébesson. — Et, sans répondre précisément, elle regarda sa montre. — Deux heures ! il faut que je quitte mon travail, dit-elle comme à regret, que j’aille m’habiller, tout à l’heure il peut venir des visites… C’est notre jour de réception, je l’avais oublié !