Page:Floran - Femme de lettres.pdf/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le manuscrit au notaire, très surpris de ce subit revirement qu’elle ne crut pas devoir lui expliquer, ses filles, dès son coup de sonnette, qu’elles con­naissaient bien, furent à la porte pour la lui ouvrir.

— Eh bien, dit plaisamment Gillette regardant dans la rue, je ne vois point votre voiture, ce soir !…

— Non, répondit Mme Tébesson gaiment aussi, dans l’inexprimable joie du devoir accompli. Je n’avais plus, ce soir, le moyen d’en prendre une, comme je l’avais fait hier. Mais je ne le regrette pas, vois-tu, fillette, car il est des consciences qui seraient trop lourdes à porter… même en voiture !




DEUXIÈME PARTIE




I


Dans l’élégante salle à manger du vieil hôtel de Bourbancé, à Reims, M. et Mme de Rameterre prennent en tête à tête leur premier déjeuner. Il y a dix ans qu’ils sont mariés, dix ans qu’ils sont heu­reux.

Roland de Rameterre, pour complaire à sa femme, qui s’effrayait des déplacements nécessités par la vie de garnison, a quitté l’armée. Ils vivent l’un pour l’autre, intimement unis, entourés de