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Femme de Lettres



PREMIÈRE PARTIE



I


Elle est seule dans le modeste réduit attenant à sa chambre à coucher, qui lui sert de cabinet de travail. Le jour finissant d’un après-midi d’hiver ne permet plus à ses yeux fatigués, malgré le con­cours du binocle et la proximité de la fenêtre, de tracer, sur la page blanche, des lignes égales. Alors, repoussant devant elle le cahier commencé et remettant dans l’encrier son porte-plume de léger bambou, Mme Tébesson, se reculant un peu et s’appuyant au dossier de bois de son fauteuil, se met à songer…

Et rien de gai, ni souvenir, ni espérance, ne traverse sa pensée, car son front, sillonné de rides, minces mais nombreuses, reste sombre.

C’est un beau front, cependant, un front intel­ligent et noble, que découvre peut-être un peu trop une épaisse chevelure, déjà toute blanche, en dépit de la relative jeunesse des traits, au dessin net et pur, et des joues fermes et lisses, qui n’avouent guère plus de la quarantaine. Et, sous